Etiquetage OGM Un collectif de citoyens interpelle l'Etat
Paris, 9 fév 2016 (AFP) - Un collectif de citoyens a interpellé mardi l'Etat et l'Union européenne, pour réclamer l'étiquetage obligatoire des produits alimentaires issus d'animaux nourris avec des OGM, au nom du droit des consommateurs à la transparence.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« En France aujourd'hui, les OGM sont interdits à la culture mais ils sont massivement autorisés à l'importation », notamment pour l'alimentation animale, souligne la campagne « OGM Transparence ». Pour les viandes mais aussi les œufs, les produits laitiers ou tous les aliments transformés issus de produits d'animaux nourris avec des OGM, l'étiquetage est « une nécessité absolue pour permettre aux consommateurs de faire des choix économiquement et écologiquement responsables », souligne Bernard Astruc, coordinateur de « Consommateurs pas cobayes ! », créé en 2012 et porteur de la campagne.
La pétition qu'ils ont lancée a recueilli 240.000 signatures, dont celle de Marc Jolivet, Coline Serreau, Antoine, Irina Brook, et vise le million, selon la même source. Elle est soutenue par France Nature Environnement, la Fondation Hulot, les Amis de la Terre ou le Mouvement des AMAP.« On se bat pour la démocratie », a dit mardi en conférence de presse le biologiste et pionnier de la Fécondation in vitro (FIV) Jacques Testart, rappelant qu'en 1998, aux débuts de la commercialisation des OGM, une conférence citoyenne avait déjà réclamé cette mesure : « les choses n'ont pas beaucoup avancé ! » Leur requête se base sur le non-respect de la Convention d'Aarhus sur l'accès à l'information et la justice en matière d'environnement, texte signé en 1998 par 39 Etats. Elle devait être adressée au ministère de l'Economie (DGCCRF), avec copie aux ministères de l'écologie et de l'agriculture, et à la Commission européenne.
Soja brésilien
Depuis 1997, il est obligatoire d'indiquer la présence d'ingrédients OGM dans les produits alimentaires, ce qui a eu un effet largement dissuasif, notent les associations. En revanche, les fabricants ne sont pas tenus de faire savoir si les animaux fournissant la viande, le lait ou les œufs, ont eux-mêmes été nourris avec des OGM.
Question santé, les opposants aux OGM invoquent les incertitudes entourant l'impact de ces organismes. Et côté préservation des ressources de la planète, « les OGM ont des impacts considérables sur l'environnement », a insisté mardi Olivier de Schutter. Et l'ancien rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation d'énumérer : essor d'immenses monocultures, difficulté à les confiner, érosion génétique, perte de biodiversité, développement de « super mauvaises herbes » et d'insectes résistants nécessitant encore plus de pesticides...
En 2012, la France a pris un décret autorisant l'étiquetage « Nourri sans OGM » ou « Issu d'animaux nourris sans OGM » pour valoriser les produits des filières n'alimentant pas les bêtes aux OGM. Mais un an plus tard, une enquête de l'UFC-Que Choisir relevait la trop faible présence de ces étiquettes en grandes surfaces (hormis quelques marques, ainsi que les marques de distributeurs de Carrefour et Auchan). « Les consommateurs peuvent pérenniser ces filières sans OGM, c'est entre leurs mains », dit aujourd'hui à l'AFP Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l'UFC, qui relève que ces produits ne sont pas plus chers que les autres.
Autre solution : remplacer peu à peu cette alimentation animale OGM par une production nationale. Manière aussi de « rompre la dépendance des agriculteurs » à l'égard de leurs fournisseurs, pointe Anaïs Fourest, chargée de la campagne agriculture chez Greenpeace. En France, l'alimentation industrielle notamment à base de soja et maïs est devenue une composante importante du régime des animaux d'élevage. Or, environ 15 % de ces céréales et oléoprotéagineux sont importés, et surtout le soja (3,6 millions de tonnes importées en 2014 selon FranceAgriMer), qui vient du Brésil ou des Etats-Unis, connus pour leurs productions d'OGM.
En septembre, deux députés (EELV et UDI) avaient tenté, en vain, de faire adopter au Parlement l'étiquetage obligatoire des produits alimentaires issus d'animaux nourris par des OGM. La ministre de l'écologie Ségolène Royal avait renvoyé notamment à l'aboutissement de « réflexions en cours au niveau européen. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :